Par Natacha Rouchon
Bien qu’il n’ait pas reçu de formation médicale officielle, l’Indien Vaidya Narayan Murthy soigne depuis 40 ans des milliers d’Indiens. Il récolte lui-même ses médicaments des arbres ou des plantes et ne demande pas un sou. Les jours de consultation, une file de centaines de personnes attend pour le voir. Souvent, il est leur dernière chance.
Moisson de médicaments
La famille Murthy possède 30 hectares de forêt d’arbres et de plantes médicinales comprenant le Rauvofia serpantina, le Garcenia indica, le terminalia Arjuna et le Alstonia scholaris (écorce de Dita).
Vaidya Narayan Murthy grimpe lui-même aux arbres pour couper à la machette des morceaux d’écorces ou de bois qui seront la base de ses traitements.
Quand il revient tard la veille, il porte de lourdes charges d’écorces, de racines et de feuilles dans son simple sac de toile, assez pour traiter des centaines de personnes. Pour un jour de consultation, il aura besoin de 50 à 60 kg de bois. À son retour, il les réduit en plus petits morceaux qu’il distribuera par la suite selon le dosage du traitement. Il utilise environ 40 espèces, bien que sa connaissance s’étende à plus d’une centaine de plantes médicinales. Parmi ces espèces, dix plantes sont très couramment utilisées.
À une journaliste d’Angleterre venue l’interviewer, il montre l’arbre qui traite le cancer de la gorge, celui pour le cancer de la thyroïde et celui de la leucémie qui a une sève rouge comme le sang. Lorsque la journaliste lui parle de ses problèmes d’arthrite rhumatoïde, il lui propose quelques morceaux de bois à boire en tisane, un demi-verre 3 fois par jour durant 27 jours.
Le matin à l’aube vers 4 h, il se forme devant sa maison une impressionnante file d’attente de patients de plusieurs centaines de mètres. Beaucoup viennent le voir, car ils ont déjà essayé tous les traitements conventionnels. Il verra son premier patient à 8 h et en moyenne, 500 et 600 patients le consulteront par jour. Le patient n’a pas besoin d’être présent lui-même, Vaidya Narayan Murthy peut prescrire directement à partir du dossier médical.
Offrant ses consultations uniquement deux jours par semaine, les mercredis et samedis, il donne les ingrédients non transformés et la consultation dure en moyenne 10 secondes. Pour diagnostiquer, les patients sont invités à lui dire où ils ressentent la douleur, bien qu’il s’appuie aussi sur les techniques modernes de la médecine allopathique telles que les radios, la numération globulaire, les rapports de laboratoire ou des résumés de sortie d’hôpital que lui montre le patient. Juste le temps de quelques phrases et de montrer les documents médicaux, puis il choisit quelques morceaux de bois qu’il tend au patient qui le remercie et s’en va.
Parfois, il met une petite quantité de médicaments sur le bout de sa langue pour l’aider à décider quelle concentration sera la meilleure. Chaque prescription contient un ingrédient majeur et d’autres disponibles dans tous les ménages, comme les graines de poivre ou de cumin.
Le médicament est prescrit pour une période comprise entre un et 90 jours. Totalement gratuit, les patients laissent toutefois un don dans une boîte.
Dans le film de Pan Nalin « Ayurveda, l’art de vivre », une mère vient voir Vaidya avec son fils atteint d’anémie Fanconi, une maladie nécessitant une transplantation de moelle épinière, mais la mère ne veut pas, trouvant son fils trop jeune et trop faible. Il lui donne ses bouts de bois et trois mois plus tard, le petit garçon va déjà mieux, sa fièvre est tombée et il peut retourner à l’école.
Des laboratoires ont étudié le bois qu’il ramasse.
Une fois broyée, cette poudre a été mise en présence de cellules de leucémie. En 24 h, toutes les cellules cancéreuses étaient tuées.
De plus, cette poudre empêcherait aussi la formation de caillots de sang. Lui-même déclare guérir environ 60 % des cancers qu’il traite. L’un de ses arbres, le Lapachol contient du lapacho, de la quercétine et des flavonoïdes. Le lapacho va stimuler la production de cellules rouges, ce qui apportera plus d’oxygène à tout l’organisme. Des études scientifiques ont montré les propriétés anti-inflammatoires et anti-oxydantes et même analgésiques du lapacho.
Issu d’une famille de brahmanes, et bien qu’il n’ait pas reçu de formation médicale officielle, il a acquis des connaissances sur les plantes médicinales du frère cadet de son père, et cela fait 40 ans qu’il soigne. Âgé maintenant de 72 ans, il va passer 14 ans auprès de son fils pour le former à ses côtés. En parallèle, des étudiants apprennent et enregistrent les traitements de Murthy.
En consultation, il reçoit en grande majorité des Indiens venus de toute l’Inde, mais aussi quelques Américains.
L’épouse de Vaidya Murthy, son fils et ses deux filles sont avec lui pendant les jours de consultation pour donner des instructions et expliquer aux patients la préparation et la posologie du médicament. Avec ces morceaux de bois ou ces feuilles, ils devront faire des tisanes avec du lait ou du miel. De cette façon, il peut voir un maximum de patients en une journée.
Avec sa famille, il vit modestement dans Narasipura, un petit village à quelque 45 kilomètres de Shimoga, dans l’Inde du Sud.
Environ 70% des patients qui viennent à lui ont été diagnostiqués comme ayant des formes différentes de cancer, et considèrent ce traitement comme leur dernier espoir.
Mais il y a aussi des patients souffrant de calculs rénaux, d’ulcères, de problèmes cardiaques, d’asthme et de diabète. Ses prescriptions pour des calculs rénaux et les problèmes cardiaques sont bien connues dans tout le Karnataka et les régions voisines.
Sources : Pan Nalin « Ayurveda, l’art de vivre », ITV
Dernière modification: septembre 17, 2019