Panchakarma 1ère partie

Rédigé par | Ayurveda, Détox

Par Valérie Besson

Le panchakarma est une cure qui comprend des méthodes pour nettoyer le corps des toxines accumulées. C’est l’élément central de l’Ayurvéda et joue un rôle important dans la prévention et le traitement des maladies.

Panchakarma signifie en sanskrit « pancha » = cinq, et karma = action. Cette cure combine cinq puissantes méthodes qui débarrassent le corps des toxines. Selon les Charaka et Sushruta Samhita (les deux principaux traités ayurvédiques), il favorise :
– L’élimination des doshas viciés ou en excès. 
– L’évacuation hors de l’organisme des déchets métaboliques : selles, urine, sueur et d’ama (masse de nourriture non digérée, responsable à 90 % des déséquilibres). 
– Le nettoyage des canaux d’alimentation des tissus (srotas) bouchés par les malas et d’ama.
Le rééquilibre du feu digestif (agni).

Quels sont les avantages du Panchakarma ?
Il a été démontré scientifiquement que le panchakarma apporte les bénéfices suivants :
• Augmentation de 80 % du niveau de peptides intestinaux qui agissent comme vasodilatateur (après trois mois de traitement).
• Baisse du niveau de cholestérol total et augmentation du cholestérol HDL de 7,5 %.
• Réduction du stress, de la fatigue, des états de dépression et de l’anxiété (après 10 semaines de traitement).
• Augmentation de la capacité de détoxification du foie.
• Réduction des facteurs de risque des maladies cardiovasculaires.
• Baisse de la tension artérielle.
• Augmentation de la vitalité et de l’endurance.

Le panchakarma traite :
L’asthme, le diabète, l’épilepsie, la fibromyalgie, l’anémie, les maladies de peau, la migraine, la myopie, etc…

De quoi s’agit-il?
Dans l’Ayurvéda, il ne peut être question de réparer sans avoir nettoyé au préalable. Dans certains cas, pour nettoyer, on sature le corps de ghee et grâce à la réaction inverse on libère les toxines. Les molécules grasses sont utilisées comme véhicule de communication interne. Le panchakarma est pratiqué différemment selon les obédiences ayurvédiques (Sud de l’Inde, Himalaya, ou Sri Lanka), mais les principes fondamentaux restent identiques.
Le processus sera différemment appliqué dans les établissements ayurvédiques en fonction de la durée de la cure et des pathologies et des déséquilibres des patients. La durée idéale d’un Panchakarma est de cinq à six semaines. Cependant, il n’est pas nécessaire de suivre les cinq parties du traitement, deux ou trois étant souvent suffisantes.

En évacuant les toxines (ama) du corps, ses cinq méthodes visent à rétablir les doshas défectueux ou en excès à travers les canaux (srotas) d’évacuation naturels du corps soit le système urinaire (urine ou mutra), le système gastro-intestinal (excréments ou purisha) et le système sudorifère (sueur ou sweda). L’objectif est de retrouver l’équilibre du corps et de l’esprit, et de se maintenir en bonne santé. Lorsque tous les doshas et l’agni sont équilibrés, l’équilibre chimique de tout le corps est soutenu.
Une cure de panchakarma se déroule en trois phases essentielles :
1. La cure préliminaire
2. Les soins principaux
3. L’adoption d’un certain comportement.

Les cinq méthodes proposées dans le traitement principal (Pradhan karma) sont :
Vomissement thérapeutique (Vamana)
Purgation thérapeutique (Virechana)
Lavement médicalisé (Basti)
Administration nasale de médications (Nasya)
Purification du sang (Raktamokshana)

Un traitement de longue haleine
Le panchakarma s’étend sur plusieurs semaines et comprend de nombreux traitements destinés à pacifier l’organisme comme les massages, les applications d’huile et les sudations. L’organisme retrouve alors peu à peu son équilibre optimal : les petits maux quotidiens s’estompent, certaines maladies chroniques tendent à disparaître, l’anxiété et le stress diminuent et un regain d’énergie se fait sentir.

Ces techniques visent à faire migrer les déchets des extrémités vers les émonctoires permettant ainsi de lubrifier le corps.
Le but est de saturer le corps d’huile.

Les trois étapes du Panchakarma
Étape 1: Purva karma, la phase de préparation qui prépare les tissus corporels au lavement et à l’élimination des toxines. Durant cette période, on élimine certains aliments et certaines boissons de son alimentation une à trois semaines avant la purge. Le corps est massé avec des huiles chaudes pour assouplir les toxines. On propose des bains de vapeur pour les liquéfier et pour qu’elles traversent plus facilement les parois intestinales.
Étape 2: Pancha karma, la phase de purification : la purgation, le vomissement, le clystère-lavement (nettoyage de l’intestin), le traitement nasal et la saignée.
Stage 3: Rasayana, la phase de régénération : repos et alimentation appropriée.

Etape 2 :La phase de préparation Purva karma
Purva karma est l’ensemble des thérapies administrées en amont pour préparer le corps et l’esprit à recevoir les cinq méthodes de purification de la seconde phase : pradhana karma (le panchakarma). Cette phase peut durer de trois à sept jours et les thérapies sont divisées en trois processus :

a
– Pachana (digestion correcte) : Il est d’abord primordial avant de commencer la cure d’équilibrer agni, notre feu digestif, pour lui permettre de bien digérer l’huile appliquée pendant la cure. La diète sera simple, à base de soupe de riz (le kichadi), de légumes bouillis, de racine de gingembre sec, de poivre noir et long, et de racine d’acore vrai. De plus, un régime spécifique viendra augmenter le dosha Kapha.

b
– Snehana : oléation interne (abyantar snehana) et externe (bahya snehana) pour absorber de l’huile. En Occident, l’huile et le ghee sont les plus utilisés, car les plus faciles à digérer. Cette étape est cruciale, car les corps gras doivent pénétrer en profondeur tous les tissus de l’organisme pour y collecter les toxines du corps, et faire voyager jusqu’au système digestif qui les expulsers du corps. De plus, les organes enduits d’huile seront alors protégés pour la thérapie émétique.

En interne
À l’aide de toniques digestifs comme le poivre et le gingembre, on assure un feu digestif efficace et une partie des toxines et des substances en excès vont déjà être éliminées de l’organisme. Ensuite, on procède à l’oléation (snehapana), qui consiste à ingérer des corps gras.
Pour l’oléation interne, du ghee (beurre clarifié) infusé de plantes et de substances médicinales sera utilisé. De trois à sept jours avant le démarrage de la première étape du panchakarma (Vamana), on demande au patient de boire une tasse d’huile deux ou trois fois dans la journée jusqu’à ce que ses selles deviennent huileuses ou jusqu’à ce qu’il se sente nauséeux. Le but est de saturer le corps d’huile.
Achapana : on augmente peu à peu l’absorption d’huile ou de ghee jusqu’au maximum.
Vicharana : cette technique est préconisée pour les patients ne supportant pas le ghee. On absorbe une dose constante de ghee ou d’huile mélangée à des aliments.

En externe
Il existe plusieurs snehana qui varient selon les régions de l’Inde : Abhyanga : massage avec de l’huile, Lepa : application d’huile sous forme de pâte, Mardana : massage vigoureux, Udvartanam : massage avec de la poudre d’épices et de l’huile, Elakizhi : massage aux pochons de plantes trempés dans l’huile, Navarrakizhi : massage aux plantes trempées dans une décoction de lait, Pizichil : massage douche avec grande quantité d’huile, Shirodhara : filet d’huile sur le front (ksheera dhara : avec du lait), Vasti : soin local sous forme de bain d’huile avec de la pâte (januvasti- genoux, netra vasti-yeux, kadi vasti – lombaires…), Karna poorana : soin des oreilles à l’huile, Gandusha : rétention d’huile dans la bouche.
L’huile employée pour les massages est médicamentée selon la constitution et les besoins spécifiques de chacun. Un massage approfondi de 45 minutes à une heure avec des huiles chaudes, appliquées le matin de bonne heure pendant sept jours, en insistant sur les pieds. Le restant de la journée sera dédié à la sudation.
Abhyangam :
Deux masseurs se tiennent de chaque côté du patient et lui appliquent de l’huile médicinale sur la tête en le massant doucement. Le massage continue sur le cou, les oreilles, les épaules, la poitrine et le reste du corps.
Patra pottali sweda :
Connu aussi sous le nom de « Elakizhi », ce massage se réfère à une sudation chaude avec des cataplasmes faits de feuilles médicinales.

c
– Swedana (sudation)
Le but de cette étape est de faire suer tout le corps ou seulement une partie. La sudation va détacher les doshas malades des tissus (dathus) apaisés par le processus d’oléation, avant d’être éliminés par le tube digestif. Toujours pratiquée après Snehana cette sudation va fluidifier les doshas en excès, pour les évacuer plus facilement. La sudation ouvre les pores de la peau et nettoie le corps par l’intermédiaire des glandes sudoripares.
Selon les traités ayurvédiques, il existe 13 méthodes de sudation : Sankara Sweda, Prasthara Sweda, Avagah Sweda, Jentaka Sweda, Asma Ghana Sweda, Karshu Sweda, Kuti Sweda, Bhoo Sweda, Koopa Sweda, Holaka Sweda.

Dans la sudation, il existe les méthodes humides (les bains) et les méthodes sèches (sauna). On distingue trois principaux types de sudation en fonction de la constitution ayurvédique du patient. Les sudations pour Vata doivent être onctueuses, pour le Kapha, elles seront sèches, et pour les types Vata-Kapha, ce sera l’alternance entre l’onctueux et le sec. La température du sauna ou des bains chauds doit toujours se situer entre le « tiède » et le « chaud ». Trop forte, elle aggravera le dosha Pitta.

La fomentation à l’aide de grains, de plantes, de sable ou de sel (enroulés dans un pochon de tissu que l’on applique sur le corps à la suite d’un massage à l’huile) appelée pindaswedana, est utile pour les personnes de constitution Vata et Kapha. Les pindaswedana adaptées au profil Vata sont réalisées à partir de riz, de graines de sésame et parfois de vinaigres. Leur pouvoir anti-Vata est vivifié à l’aide de substances onctueuses (comme du ghee). Les pindaswedana adaptées au profil Kapha sont réalisées à partir de sable, de sel et de divers grains, elles sont plus « sèches ».

La sudation par la chambre chauffée (Jentakaswedana) pacifie le Kapha et le Vata. Les séances de sauna diminuent les accumulations d’eau et de graisses (Kapha) et fluidifient les canaux du corps (Vata). Les massages à l’huile sont recommandés avant le sauna. Contrairement à la pratique répandue dans les saunas occidentaux, on ne doit pas prendre de douche froide juste après, mais attendre environ trois heures puis prendre une douche chaude.
Parmi les sudations « sèches », on distingue la méthode des « lits chauds » constitués d’un tissu posé sur un lit de pierres chaudes ou de bouses de vache chaudes séchées au soleil. Les sudations humides (douches et bains chauds) sont efficaces dans les traitements anti-Vata.

Après la sudation, il est conseillé au patient de se reposer et d’éviter l’air frais.
Contre-indications : Ne pas administrer aux femmes enceintes, aux personnes souffrants de saignements, de diarrhée, de jaunisse, d’anémie, de diabète, d’hépatites, de blessures, de fatigue générale, de faiblesse immunitaire, ou ayant consommé de l’alcool récemment, ni aux personnes obèses ou très maigres.

Principes de base de l’Ayurvéda : Vata, Pitta et Kapha
En Ayurvéda, on distingue trois principes actifs de base (dosha): Vata, Pitta et Kapha. Quand ces trois doshas sont en harmonie, l’esprit est équilibré, la physiologie est en bonne santé et l’humeur stable.

Le dosha Vata est le principe actif du mouvement, il régit le système nerveux, la respiration et tous les mouvements biologiques. Lorsque Vata est équilibré, on se sent plein d’énergie, heureux, enthousiaste et créatif; l’esprit est calme et éveillé. Un dosha Vata aggravé se traduit par : fatigue, pigmentation de la peau, tremblements, constipation, insomnie, vertiges. Un dosha Vata insuffisant se caractérise par : faiblesse générale, léthargie, pâleur, raideur du corps, troubles de la respiration et toux.

Le dosha Pitta gouverne tous les processus de transformation. Il régit la digestion, le métabolisme et la température du corps. Pitta est responsable d’un intellect vif et des émotions. Un dosha Pitta aggravé se repère à : accroissement de l’appétit, sensation de brûlure, insomnie; yeux, peau, urine et excréments qui deviennent pâles. Un dosha Pitta insuffisant a un taux de digestion bas et des tremblements.

Le dosha Kapha est responsable de la structure. Il donne au corps sa force et sa stabilité, et maintient les fluides corporels en équilibre. Un Kapha équilibré donne de la force, de la persévérance, un bon système immunitaire, de la patience et de la stabilité psychique.
Un dosha Kapha aggravé a une digestion lente et un corps léthargique et raide avec excès de salive, des sensations de froid aux articulations, des troubles respiratoires, de la toux et l’envie de dormir.

Témoignage (Extrait tiré de Blog)
Nous sommes au terme de notre séjour à Guruvayur, dans l’État du Kerala. Nous y avons reçu un panchakarma sur 40 jours. Quel soulagement de trouver la clinique du docteur Shankar qui nous a prévenus : « le panchakarma n’est pas nécessairement « agréable », du moins, certains de ses traitements ne le sont pas : il faudra être déterminé pour bien le mener à terme. Et qui dit grand ménage du corps physique dit grand ménage du mental ». Dès ma première consultation avec le Dr Shankar, il est vite apparu que mon corps avait surtout besoin d’être bien nourri. Mes ennuis de santé des derniers mois ajoutés à ma tendance à l’anxiété (typique des gens vata, dont je suis une flagrante incarnation !) ont eu raison de mes réserves pondérales. Néanmoins, le Dr était d’accord pour que je fasse le panchakarma, qui ouvrirait grand mes « canaux », pour être en mesure d’absorber et d’assimiler encore mieux toute forme de nourriture. Toutefois, nous avons convenu de garder un caractère « nourrissant » à la thérapie, afin que mon corps ne s’allège pas davantage et que je puisse reprendre des forces.

Sources : tradition-ayurveda.fr, curedepanchakarma.com, journaldunaturel.com, centre-de-formation-massage.org, inde-ayurvedique.fr, flora-phyto.com,Veda.ch, diva-yoga.com, ayurveda-voyages.fr,

Dernière modification: septembre 17, 2019