Le Panchakarma signifie en sanskrit pancha = cinq et karma = action. Il s’agit de méthodes puissantes pour nettoyer le corps de ses impuretés. Les soins sont prescrits individuellement et dépendent de l’état de santé et de la constitution du curiste.
Ces cinq méthodes de purification interne permettent d’inverser le processus de la maladie et de ramener les doshas* à leur équilibre, soit l’estomac pour les personnes de constitution Kapha*, l’intestin grêle pour les Pitta* et le côlon pour les Vata*.
– Vamana (vomissement) : Purification de l’estomac. Élimine le Kapha en excès.
– Virechana (purge) : Purification des intestins par l’élimination des selles. Élimine le Pitta en excès.
– Vasti (lavement huile/décoction) : Purification du côlon par voie anale grâce à des décoctions ou à des huiles à base de plantes. Élimine le Vata en excès.
– Nasya (application d’huile dans le nez) : Nettoyage de la tête par purification nasale
Rakta moksha (saignée) : Purification du système sanguin et circulatoire par saignée. Très peu pratiquée en Occident.
Une fois le corps correctement préparé durant la première étape, l’administration des traitements peut alors avoir lieu mais uniquement sous la supervision d’un médecin et dans un centre qualifié.
(Le 1er karma, VAMANA, le second, VIRECHANA, et le 3e, NASYA ont été traités dans le numéro précédent. V.9 N.2)
4e karma – BASTI (LAVEMENT, IRRIGATION DU CÔLON)
Le lavement (enema) considéré comme le traitement salutaire, élimine les toxines accumulées dans le dosha* VATA*. Il s’agit d’une des procédures les plus importantes du Panchakarma. Le Basti karma permet d’éliminer l’excès de Vata via le rectum, Vata étant principalement situé dans le côlon et les os. Tout médicament administré par voie rectale va dans les tissus les plus profonds, comme celui des os, et corrige les troubles Vata. Le traitement implique l’introduction dans celui-ci de substances médicinales (huiles aux herbes, décoctions à base d’huile de sésame) qui vont atteindre la région pelvienne (lieu où se trouve Vata).
Le terme «Basti» signifie littéralement sac ou vessie. Dans les temps anciens, les vessies d’animaux stérilisées étaient utilisées pour injecter des fluides dans le rectum.
Pourquoi le rectum ? Car le taux d’absorption rectal est 20 fois plus rapide que la voie orale.
Le traitement est fait tôt le matin ou le soir (période vata) sur un estomac vide donc au moins trois heures après un repas, le liquide sera maintenu 30 minutes dans le côlon.
Les bastis à l’huile, au ghee et au lait vont servir plutôt à protéger la muqueuse intestinale. Cette procédure de protection est d’ailleurs parfois négligée dans les lavements intestinaux en Occident.
Après deux lavements à l’huile, l’intestin est bien protégé et on peut administrer la décoction, qui va être en partie absorbée et purifiera le côlon.
La décoction contient également un peu de sel de roche qui permet de décoller le mucus s’accrochant aux parois de l’intestin. Il faut s’attendre ensuite à deux bonnes diarrhées. Des selles claires indiquent que l’opération est terminée. Juste après, on se sent extrêmement léger.
On administre toujours un lavement d’huile le lendemain d’un lavement de décoction, afin de soigner la muqueuse intestinale. Ce traitement se poursuit pendant huit jours ou plus si le principe vata est difficile à équilibrer.
Il existe plus de 100 lavements listés dans l’Ayurvéda. Quatre-vingts pour cent des désordres possibles de Vata peuvent être traités par cette méthode.
Le basti au ghee est surtout recommandé pour les inflammations du côlon, celui à l’huile (Anuvasana) pour la constipation.
Niruha-Asthapana (lavement aux herbes)
On y inclut de l’anis, de l’ashawaganda et du brahmi. Dans ce type de lavement, la quantité de médicaments appliqués par le rectum est plus importante que pour celui à l’huile. On administre des huiles médicinales, du miel et des décoctions d’herbes grâce à une poire.
Sneha Basti – Basti à l’huile.
Uttar Basti – Selon l’état de l’utérus, ce Basti est donné aux patientes. Il est utile pour l’infertilité, contre l’utérus gonflé, l’obstruction urinaire utérine, les avortements à répétition, les leucorrhées, etc…
Mutrashaya Basti – Les fluides médicamenteux sont introduits par l’urètre (hommes).
Bruhan Basti – Lavement nutritionnel. Ce Basti est utile pour les patients qui sont très faibles physiquement et émotionnellement, et aussi pour la prise de poids.
En cas de complications
En cas de maux de tête immédiatement après un Basti, on procédera à un massage de la tête et du front et on pourra boire un thé au gingembre.
Si des liquides ne sont pas expulsés après 48 minutes, un autre traitement Basti est prescrit avec de l’eau chaude (38C).
Si le traitement Basti est excessif, il peut causer une inflammation et une ulcération ana-rectale, des fissures et des crampes musculaires.
Basti est prescrit pour l’hémiplégie, les colites, les calculs rénaux, les douleurs au coeur, le rhume, les troubles sexuels, la distension, les problèmes de reins, la constipation, les désordres intestinaux, les sciatiques, le mal de dos, l’obésité, l’hyperacidité, l’arthrite, le rhumatisme et la goutte. Il augmente la tonicité musculaire et permet une régénération lors d’une convalescence.
Contre-indications : hypertension, indigestion chronique, saignement du rectum, toux, difficulté respiratoire.
La goutte
L’inflammation ou la goutte est connue en terme sanskrit comme vatrakta. La goutte est une des formes les plus courantes de l’arthrite en Occident mais aussi en Inde. Les toxines en sont la cause principale. L’accumulation excessive d’acide urique conduit à la formation de petits cristaux d’acide urique qui se déposent dans les articulations et entraînent des inflammations récurrentes et des douleurs articulaires. Dans les cas chroniques, de plus grandes quantités de cristaux d’acide urique conduisent à la destruction complète des articulations, au ralentissement de la fonction rénale.
De hauts niveaux d’acide urique dans le sang pourraient également conduire à un état sans douleur, mais avec de la fièvre et une inflammation très rapide des articulations extrêmement douloureuses.
La goutte commence généralement par affecter une ou deux articulations. La douleur et l’inflammation disparaissent habituellement en 7-10 jours, avec ou sans traitement. La deuxième attaque peut survenir après des mois ou des années. Les pieds et les chevilles, le plus souvent le gros orteil sont les premiers touchés. Puis la goutte se propage à d’autres articulations et conduit ultimement à l’invalidité.
5e karma – RAKTA MOKSHANA
La saignée, sans douleur et hautement efficace, est un nettoyage du sang qui ne se pratique presque plus de nos jours, étant donné les risques liés à la contamination du sang. Elle est principalement utilisée pour soigner la maladie où le pitta est aggravé et a provoqué des effets toxiques dans le sang. Lorsqu’il y a un excès de toxines dans le sang, ces dernières sont transportées à la périphérie du corps vers la peau qui devient hypersensible voir inflammée.
En extrayant une petite quantité de sang des veines, on relâche la tension créée par les toxines dans le sang. La saignée stimule les substances anti-toxiques du système sanguin, renforçant ainsi le système immunitaire. L’excès de substances telles que le sucre, le sel, le yaourt et les substances acides devrait être évité.
Des sangsues sont utilisées dans les hôpitaux ayurvédiques.
Alternatives à la saignée
Le meilleur purificateur du sang est la racine de bardane. En cas d’allergie, d’urticaire ou d’acné, commencez le premier soir par prendre un laxatif à base de lait chaud et de beurre clarifié (ghee). À partir du lendemain, vous pouvez commencer à prendre des tisanes de racines de bardane.
Préparation de l’infusion : 1 cuillère à café de poudre de racine de bardane dans une tasse d’eau chaude.
À prendre chaque soir avant de se coucher pendant plusieurs jours.
La saignée est prescrite pour traiter les désordres de la peau comme l’urticaire, le psoriasis, l’érythème, l’eczéma, l’acné, la gale, la leucodermie, l’herpès, la jaunisse, d’hypertrophie du foie et de la rate, le diabète bronzé, les hémorroïdes.
Contre-indications : enfants et personnes âgées, anémie et oedème.
Pas de tout repos
Il arrive que divers malaises ou sensations émergent ou ressurgissent au fil des traitements, avant de s’estomper. Le panchakarma n’est pas toujours de tout repos, et on peut en sortir un peu fragilisés.
Une profonde « rénovation » de notre corps n’est pas forcément une partie de plaisir. Nos excès, notre régime alimentaire et notre manque d’activité physique au fil des années ont intoxiqué notre corps.
La description du panchakarma peut paraître peu appétissante, mais les bienfaits sont énormes et de plus en plus prouvés scientifiquement.
Il peut être pratiqué partiellement (surtout dans le cadre de la médecine ayurvédique préventive) en fonction de vos besoins et du temps dont vous disposez.
Le Panchakarma en trois étapes
Étape 1: Purva Karma, la phase de préparation
Étape 2: Pancha Karma, la phase de purification et ses cinq méthodes
Étape 3: Rasayana, la phase de régénération
*Vata,Pitta et Kapha sont des termes ayurvédiques appelés doshas qui indiquent la constitution d’une personne.
Sources : centre-de-formation-massage.org/ayurveda-1.html, curedepanchakarma.com
Dernière modification: septembre 12, 2019